Peut-on être jaloux de ses enfants ?

Jalousie

La jalousie n’est pas une maladie, elle est un sentiment, qui n’est ni bon ni mauvais. Elle vient juste nous renseigner sur ce que nous vivons. Il n’y a donc pas à en avoir honte, ou à s’en sentir coupable. En être conscient est déjà une très bonne chose. S’interroger sur comment s’en sortir montre que l’on est prêt à faire un pas de plus, ce qui est aussi très positif.

Pourquoi peut-on être jaloux de ses enfants ?

Cela arrive relativement souvent, lors de l’arrivée du premier enfant, qui vient faire tiers dans la relation de couple, jusque là préservée dans un huit clos. Une première naissance est un évènement important pour une mère, source généralement d’une grande joie, mais aussi parfois d’une inquiétude, qui peut accaparer son esprit, au détriment du reste. De plus, la relation fusionnelle qui s’instaure, entre la mère et le bébé, constitue une bulle dont le père peut légitimement se sentir exclu.

Un sentiment de jalousie peut naître vis à vis de cet enfant. Si l’on n’en prend pas conscience, ou si on n’en parle pas. Et si rien n’est fait pour réintroduire le père comme conjoint dans la relation de couple, la jalousie pourra perdurer, et même se reporter sur les autres enfants à venir. Cette situation n’est bonne pour personne : ni pour le conjoint délaissé, ni pour la mère trop absorbée par ses enfants, ni pour les enfants qui pourront avoir du mal à devenir autonomes.

Pour mieux analyser ce qui se passe, on peut s’interroger sur ce qui déclenche ce sentiment de jalousie en nous, et vis à vis de quels enfants : plutôt les garçons ou seulement les filles, ou indifféremment.

Oser en parler

La jalousie, lorsqu’elle provient d’un ressenti de mise « hors jeu » peut se régler facilement avec de la bonne volonté de part et d’autre. Il suffit de s’en ouvrir à son conjoint et d’entamer un dialogue pour réaménager la vie de couple, et restaurer le lien conjugal. Si c’est trop difficile, on peut consulter un conseiller conjugal qui accompagnera cette démarche.

Mais la situation peut être plus complexe. Car cette jalousie peut aussi venir réveiller quelque chose de plus profond en soi, qui peut remonter à l’enfance. On peut le repérer si on est facilement jaloux dans d’autres circonstances. C’est le signe que l’on a un travail psychique à faire pour retrouver confiance en soi. Un psychologue pourra accompagner ce cheminement. Il ne faut pas hésiter à aller consulter, plutôt que de laisser la jalousie empoisonner sa vie, et aussi celle des autres.

Des relations à construire

Dans le contexte familial, la jalousie traduit souvent une peur d’être moins aimé ou abandonné. Ce qui est à reconstruire, c’est la relation que l’on a avec soi-même : l’estime de soi. Cela passe par apprendre à mieux se connaître, identifier ses qualités, ses compétences, ses valeurs… afin de les développer. Cela passe aussi par la relation à son conjoint, qui est à mettre à la « juste distance ». C’est à dire ne pas tout attendre de l’autre, retrouver une autonomie nécessaire à chacun, y compris au sein du couple.

Pour cela, il est important de développer d’autres relations en dehors de la famille : amicales, sociales, famille élargie… Cela passe aussi par des centres d’intérêt en dehors de la famille, où l’on se « réalise », qu’il s’agisse d’une activité sportive, culturelle ou associative. Cette ouverture deviendra source d’échanges avec le conjoint et permettra de mieux se retrouver.

On peut également apprendre à regarder ses enfants différemment : non pas comme des rivaux, mais comme le fruit du couple, de l’amour qui relie au conjoint. Partager des activités, comme dialoguer avec eux, est un bon moyen pour changer son regard.

Apprendre à gérer ses émotions

La jalousie agit comme un court-circuit qui nous coupe d’émotions plus profondes. Elle est secondaire, c’est à dire réactionnelle : elle fait suite à un sentiment primaire qui nous met en danger, et qu’on ne perçoit pas toujours. Ce peut être le désamour, l’abandon, le rejet, l’exclusion…

Pour ne pas se laisser envahir par la jalousie, on peut décider de s’observer, comme si on sortait de soi, en se demandant : « Que se passe-t-il en moi ? ». Identifier nos sentiments profonds nous aidera à prendre la bonne distance, en repérant la source réelle d’insécurité, afin de pouvoir en sortir.

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