La taille du pénis, une obsession masculine ?

A en croire les questions posées lors de séances d’ « éducation sexuelle » au collège, c’est LA question que se poseraient les garçons à l’âge de la puberté : « Mon pénis est-il assez grand ? » Il est donc important que les jeunes puissent trouver un lieu où poser cette question.

Si cette question semble si naturelle, c’est parce qu’elle touche à l’identité même du garçon dans sa dimension sexuelle, et donc d’une certaine façon à son sentiment de virilité. En effet, d’après les sexologues, un des points qui caractérise l’identité sexuelle masculine, c’est la capacité à se représenter comme « pénétrant ». Or l’organe sexuel masculin qui sert à la pénétration, c’est le pénis. Il est donc cohérent qu’un garçon se demande si la taille de son pénis lui permettra d’assurer cette fonction.

Une question exacerbée avant la « 1ère fois »

Plusieurs éléments peuvent venir renforcer l’inquiétude chez le garçon : 

  • Le vagin, cavité féminine dans laquelle le pénis s’engage, est invisible, et de ce fait, revêt une part de mystère, qui peut être source d’angoisse pour un jeune… Ce n’est que lors du premier contact charnel qu’il pourra dépasser cette possible crainte de l’inconnu.
  • Les variations de volume et de rigidité du pénis peuvent également donner la crainte qu’il n’ait pas la bonne dimension au moment voulu.
  • La pornographie, trop facilement accessible, y compris aux plus jeunes, ne montre que des pénis surdimensionnés. Les garçons qui regardent ces films sont donc, sans le savoir, soumis à des images extrêmement normatives, et dont l’empreinte peut se révéler marquante. Ils risquent de croire que seul un pénis de très grande taille peut satisfaire une femme, et lui procurer du plaisir. La pression de la performance qui en résulte peut s’avérer angoissante.
  • Enfin, dans l’imaginaire collectif, c’est l’homme qui est le « maître d’œuvre » de la sexualité. Autrefois, on l’envoyait d’ailleurs se « déniaiser » auprès de femmes expérimentées. D’initié, il devenait alors, pour celle qui devenait sa femme, qui autrefois restait généralement vierge jusqu’au mariage, responsable d’une obligation de résultat qu’il ne pouvait simuler : faire aboutir la pénétration en atteignant l’éjaculation.

Aucune raison de s’inquiéter

Il existe effectivement un seul cas problématique rarissime : le micro-pénis, c’est à dire un pénis qui, à l’âge adulte, a une longueur inférieure à 5 cm en érection. En dehors de ce cas, les garçons seront rassurés d’apprendre que les zones érogènes de la femme, zones « sensibles » lui procurant du plaisir, sont principalement situées à l’entrée et au début du vagin, dont la taille moyenne n’est que de 8 cm.

Élargir la perspective

En réalité, ce qui, avant tout, fera que la relation sexuelle sera satisfaisante pour tous les deux, c’est la qualité de la relation. Car c’est bien la relation à l’autre, et non la taille du pénis, qui donnera épaisseur et intensité à « l’étreinte charnelle » ! D’après les sexologues, si l’on souhaite vivre une sexualité qui, au-delà du plaisir, apporte à chacun une pleine satisfaction, c’est un grand zoom arrière qu’il faut faire : au lieu de focaliser sur une partie du corps humain, y engager, avec l’autre, toute sa personne :

  • Le « Corps », bien entendu, mais au-delà de la seule pulsion : en apprenant petit à petit à y déployer toute sa sensualité, et en écoutant celle de l’autre.
  • Le « Cœur », au sens de ce qu’on appelle l’affectivité : l’alliance des sentiments et du corps rend la sexualité davantage satisfaisante, alliant la vitalité de la pulsion au bonheur de partager de l’amour et de la tendresse.
  • La « Conscience », c’est à dire, en quelque sorte, la valeur que nous donnons à la sexualité, et ce que nous choisissons d’y engager. La palette est large et peut aller de la simple satisfaction d’un besoin physiologique, à une dynamique de don de soi et accueil de l’autre, une communion avec l’autre.

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